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BLUENOTE

 

 

Noir

 

Un bluesman parle en anglais de la bluenote et de son rapport avec elle. Des sous titres s'affichent en français pour traduire ses paroles.

 

Il évoque ce qu'exprime la bluenote (le blues des travailleurs noirs importés aux Etats Unis), d'où elle vient (d'Afrique) et à quoi elle sert (nécessité de faire le lien entre la gamme africaine et la gamme européenne, le tout par le mineur).

 

Il termine par le feeling que procure cette bluenote lorsqu'on la chante.

 

EXT_JOUR_ MIDI_CHEMIN POUSSIEREUX EN LOUISIANE

 

Les images de ce début de séquence sont désaturées, avec de forts contrastes de lumière et un filtre sépia.

 

(Gros plan) sur un coton bleu qui vacille sous une légère brise. Des chaussures entrent dans le cadre et stoppent devant lui. Une main entre à son tour dans le cadre et cueille le coton.

 

(Plan de profil) Un homme à la peau noire, d'une trentaine d'année et au chapeau rapiécé approche le coton de son visage afin de mieux le contempler. Il semble fatigué et très triste.

 

Des sons s'élèvent doucement du coton et montent en volume alors que l'homme approche le coton de son visage.

Surpris, le bluesman éloigne soudainement le coton de son oreille et les sons disparaissent.

Intrigué, il reproduit le processus et entend des voix qui se répondent.

 

(Dézoom très lent) On découvre la physionomie de l'homme et le second plan: un champ de coton dans lequel des esclaves noirs s'affairent à récolter le coton.

 

Le vagabond, très pauvre de toute évidence (ses vêtements sont déchirés; il est couvert de poussière, etc) tourne la tête (vers la fin du dézoom).

 

Il se trouve en bordure d'un chemin poussiéreux encadré de hautes herbes. Dans la trouée d'herbes hautes qui lui permet de voir le champ de coton, le vagabond voit les travailleurs chanter et tend l'oreille, attiré par les sons. Il accroche le coton bleu à son chapeau, sort des herbes hautes pour s'approcher du champ, et prend une inspiration pour répondre au chœur des travailleurs qui chantent, mais surgit alors au bout de l'allée un contremaître à cheval. Le vagabond interrompt son action. Tous les esclaves tournent leur tête d'un coup vers le vagabond visible dans la trouée d'herbes hautes.

 

Le contremaître tourne brusquement la tête dans sa direction.

 

Notre héros se met alors à courir entre les hautes herbes, fuyant pour sauver sa vie.

 

Quand l'ombre du contremaître passe devant les esclaves qui travaillent en cadence, ceux-ci tombent inanimés. La cadence accélère progressivement jusqu'à devenir insoutenable.

 

Le bluesman se trouve soudainement face au Mississippi, immense et tumultueux.

 

Pris au piège, il recule, mais l'ombre du contremaître entre dans le cadre derrière lui. Le bluesman comprend qu'il n'a pas le choix: il s'élance et plonge dans le fleuve déchaîné.

 

Alors qu’il entre dans l’eau, les percussions et rythmes de cadence s’arrêtent d’un coup et laissent place à un son sourd. L'image passe du sépia au bleu saturé.

 

Sous l’eau notre vagabond se débat tant bien que mal pour surnager (sons atténués d’un homme qui se débat dans l’eau et battements de cœur sourds). Il recrache l'air qu'il avait dans ses poumons.

EXT_CREPUSCULE_MARECAGE DU BAYOU

 

 

Le chapeau du vagabond flotte à la surface de l'eau, pour finalement rester accroché aux branchages de la berge. Le coton bleu toujours attaché à son rebord.

 

Une main se saisit du chapeau. La caméra, posée au niveau de l'eau, nous permet de voir les traces de pas boueuses laissées par le bluesman, alors que celui-ci se trouve face à l'orée du marécage.

 

Une note vibre, sourde, sans que l’on n’en comprenne la provenance.

 

Derrière lui, le Mississippi continue de charrier ses eaux boueuses, et notre héros renonce à rebrousser chemin; il doit traverser le Bayou pour continuer sa route.

 

Le vagabond se met à marcher, inquiet, au cœur d'un univers nimbé d'une brume bleutée.

 

Au premier plan, les arbres laissent entrevoir des formes instrumentales, un peu étranges. Tout à coup, un son lugubre et mystérieux retentit. Le bluesman tressaille, apeuré.

 

Il marche vite pour ne pas s'attarder. D'autres sons se font entendre, plus élaborés et moins angoissants. Le bluesman est de plus en plus interloqué.

 

Les sons se font plus rassurants et il ose enfin s'arrêter devant un arbre-instrument. Il ferme les yeux pour se concentrer sur la musique, apprécie ce qu'il entend et, curieux d'en entendre plus, poursuit son chemin vers le bout de l'allée d'arbres-instruments, sans peur cette fois. Les sons gagnent en harmonie au fur et à mesure qu'il s'avance.

 

On voit notre héros disparaître derrière un rideau de lianes nimbé d'un brouillard bleuté, au bout de l'allée.

 

 

PROPOSITION MUSICALE:

 

Le début de la séquence peut correspondre aux notes dissonantes d'un orchestre qui s'accorde, puis devenir de plus en plus harmonieuses, comme si l'orchestre commençait à jouer une petite harmonie.

(Dans l'ordre d’enchaînement des instruments, on aurait d'abord un son de contrebasse, très proche d'un son naturel, et assez angoissant, puis des percus_ son produit en caressant les cymbales avec des lanières, puis une plainte à la trompette, plus construite pour quand le bluesman s'arrête devant un arbre instrument, et enfin une coordination plus harmonieuse de tous ces instruments pour faire la transition vers les premières notes de Stand by Me).

EXT_NUIT_CLAIRIERE DU BAYOU

 

 

Le bleu du brouillard a envahi tout l’écran, mais se dissipe pour laisser voir la main du bluesman qui écarte les dernières lianes de sa vue.

 

Les notes de musique de The Staples Singers commencent à résonner. On entend les bruits de respiration du vagabond.

 

La brume se dissipe peu à peu et le vagabond discerne enfin une clairière ronde/ovale cernée d’arbres aux troncs gigantesques, faisant penser aux colonnes d’un temple.

 

Au cœur de cette clairière, les racines d’un arbre géant forment une sorte de « cage naturelle », très aérée, au sein de laquelle se trouve une femme-guitare qui chante, envoûtante, comme une sirène.

 

Autour de la clairière, la végétation ondule au rythme des chœurs de la chanson.

 

D’abord couverte de brume bleue, la femme-guitare se révèle aux yeux du vagabond au fur et à mesure que le brouillard se dissipe. Elle dégage une aura mystérieuse et sacrée.

 

Fasciné, notre héros s’approche de l’apparition. La femme- guitare, quant à elle, chante le visage impassible tout au long de la scène.

 

Le vagabond s’approche doucement et, avec beaucoup de délicatesse, comme s’il s’agissait d’un objet précieux, frôle les cordes de la guitare (cordes qui correspondent à la chevelure de la femme guitare). Des notes de guitare résonnent simultanément dans la chanson.

 

Les chœurs-végétaux ondulent autour du couple. La tension monte.

 

Le vagabond pose une main sur le buste de la femme-guitare(sous son sein), et descend lentement sa main jusque au «chevalet-pubis» de la femme-guitare, tout en continuant de jouer.

 

Les végétaux ondulent et s’entrecroisent, reflétant symboliquement l’ambiance érotique de la scène.

 

Le vagabond éprouve maintenant de plus en plus de plaisir à ressentir la musique et à s’abandonner à elle.

 

 

La caméra se met à tournoyer autour du couple et alors que les silhouettes sombres des personnages passent devant la caméra, l'image repasse au sépia, le décors perd tout son enchantement et le bluesman ne tient plus dans sa main qu'une guitare.

 

Le silence plombe la scène. Le bluesman est seul: il a perdu cette femme, toute fusion possible avec la musique et il ne lui reste plus qu'une guitare inerte entre les mains.

EXT_JOUR_MIDI_UN CHEMIN PROCHE DE LA NOUVELLE ORLEANS

 

 

Gros plan sur les pieds du vagabond qui marchent dans la poussière (on boucle la boucle avec la scène 1). Au premier plan: une herbe sèche. Au lieu de s'arrêter pour cueillir l'herbe comme dans la scène un, la chaussure écrase l'herbe sèche.

 

Courbé, notre vagabond marche en regardant le sol, les bras serrés autour de sa guitare. Dans son dos, la frontière végétale qui borne le marécage est toujours visible.

 

Cette vision ne change pas son état d'esprit, et plus désemparé que jamais, le bluesman se laisse choir sur un rocher bordant le fleuve.

Ce mouvement fait tomber le coton bleu, resté, depuis la première scène coincé dans son chapeau. La chute du coton dans l'eau fait onduler la surface, et quand celle-ci redevient lisse, le bluesman se trouve face à son reflet, triste et abattu (reflet sépia normal).

 

Se détournant de cette triste vision de lui même, le bluesman regarde la guitare posée à côté de lui et se détourne pour la caresser doucement, de la même façon qu'il caressait auparavant la femme-guitare. Il la prend dans ses bras et se met à jouer quelques notes avec douceur. Il se laisse emporter par la musique petit à petit, et ferme les yeux. Alors qu'il joue des notes de moins en moins tristes, le haut de son corps se balance de plus en plus en rythme et il esquisse finalement un sourire. Il joue alors une note particulière (une blue note), et la corde de sa guitare devient bleue.

 

La caméra montre alors le reflet du bluesman dans l'eau tourner la tête vers la Nouvelle Orléans. Le bluesman se lève, se tourne vers la ville, et prend une grande inspiration pour chanter.

 

 

Noir

 

Son chant résonne au générique.

 

FIN

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